Episode n°17 : Petits mensonges entre amis
“Le truc, c’est que quand on laisse son cerveau partir dans ce type de pensées défaitistes, tout ou rien, légèrement sombres, on se focalise sur un morceau du tableau seulement.
Quand je n’exprime qu’une partie de moi-même, je ne montre pas qui je suis entièrement.
Quand je ne dévoile qu’un bout de ma personne, c’est comme ci je ne révélais que le recto d’une carte de vœux pour rester dans la thématique, sans lire le petit mot qui l’accompagne et qui fait parfois toute la différence…“
Hello hello hello ! Je suis ravie de vous retrouver ce matin pour l’avant dernier podcast de l’année.
On aborde le sujet du biais de confirmation d’hypothèse et on se pose les questions suivantes : “Où se trouve la vérité ? Qu’est-ce qui est réel ou non ? Si j’affirme que le pain fait grossir, est-ce que j’ai raison ou est-ce un mensonge ?”
Belle écoute et bonne semaine !
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J’écoute l’épisode 17
Transcription du podcast
Bonjour et bienvenue sur Vert ma Vie ! On se retrouve pour l’avant dernier podcast de l’année. Que vous vous apprêtiez à dévorer tout le chocolat en mode « besoin de réconfort » ou à emballer les derniers cadeaux en chantonnant Mariah Carey, vous vivez peut-être des émotions plutôt intenses en ce moment.
Bien sûr, ceci est le cas si vous êtes un être humain vivant en 2020, mais plus particulièrement en cette période de l’année où les guirlandes scintillent et où les photos de bûches défilent sur votre feed Instagram.
Le dernier mois de l’année est toujours, Covid ou non, un mois particulier durant lequel fusent des millions de pensées, entraînant avec elles des émotions sous forme de montagne russes.
Parmi mes refrains préférés à l’approche de Noël, et si l’on met de côté « Last Christmas I gave you my heart But the very next day you gave it away », se trouvent :
« C’est tellement artificiel.
Tous ces cadeaux, ce papier, ces objets inutiles.
Offrir pour offrir. Encore des trucs dont on n’a pas besoin. Quelle pollution !
Ces animaux que l’on gave, qui vont finir au four parce qu’on n’est pas capable de voir plus loin que foie gras-chapon-haricots-bûche au beurre.
Sans compter les heures passées assise à table, à devoir sourire et faire semblant.
Et le bonne année qu’on va devoir balancer à tout bout d’champ pendant un mois. Ouf, on ne sera pas obligés de faire la bise en 2021, c’est déjà ça, mais après il va falloir s’enfiler toutes les galettes, puis ce sera les crêpes. Et bientôt, ce sera à nouveau Noël, l’angoisse. »
Quand je laisse mon cerveau aux commandes, il se transforme en véritable Grinch !
Fut un temps où je croyais ses tirades boudeuses. Désormais, je le laisse vider son sac avant de lui rappeler notre amour pour le chocolat et les sapins de Noël, “Jingle Bells” et Love Actually, les enfants qui déballent leurs cadeaux, et tout un tas d’autres choses si je lui demande de se focaliser sur la magie de la fin d’année plutôt que la sur-consommation et l’oncle ronchon.
Avant d’enchaîner, je tiens à vous rassurer : je sais que le principal organe de mon système nerveux fait partie de moi. Mais ayant un cerveau hyperactif depuis toujours, j’aime parler de lui comme d’un vieux pote : cela m’aide à prendre du recul, à ne pas croire toutes les pensées qui défilent dans ma tête. C’est pourquoi vous m’entendrez souvent dire « mon cerveau dit / croit / estime que… »
Lorsque je délivre ces propos, je fais principalement référence au cerveau primitif, archaïque, celui qui cherche à nous protéger, à nous garder bien au chaud dans la grotte, à l’abri du danger. Parfois au détriment de nos objectifs, de nos envies, de nos rêves, de notre bien-être.
Tel est le cas quand je râle après la course aux cadeaux et les obligations familiales. Ou lorsque je me dis « quelque chose cloche chez moi ».
« Je ne peux pas parce que j’ai peur. » Ou « parce que je ne sais pas le faire, je ne l’ai jamais fait ».
« Gagner à la loterie résoudrait tout. »
« Je suis comme ça, j’peux pas changer ».
Le truc, c’est que quand on laisse son cerveau partir dans ce type de pensées défaitistes, tout ou rien, légèrement sombres, on se focalise sur un morceau du tableau seulement. Quand j’affirme que « de toute façon j’ai toujours eu un problème avec mon corps, je ne vois pas comment ça pourrait changer maintenant », c’est oublier qu’à l’âge de deux ans, j’adorais courir dehors toute nue en plein été, avec un sentiment de liberté profond. Je ne suis pas généreuse ou avare, drôle ou triste, introvertie ou extravertie, positive ou négative. Je suis tout à la fois. Chaque être humain est tout à la fois.
Alors, quand je zoome sur les boîtes de chocolat qui sont empilées actuellement dans les magasins à l’approche du réveillon, j’oublie les colis de Noël qui sont confectionnés au même moment pour les plus démunis. Quand j’explique à mon conjoint que les fêtes ça me gonfle et que l’an prochain ce sera sans moi, je lui mens puisque je me mens à moi-même.
Quand je n’exprime qu’une partie de moi-même, je ne montre pas qui je suis entièrement. Quand je ne dévoile qu’un bout de ma personne, c’est comme ci je ne révélais que le recto d’une carte de vœux pour rester dans la thématique, sans lire le petit mot qui l’accompagne et qui fait parfois toute la différence.
Certains d’entre vous trouveront ma réflexion tirée par les cheveux mais songez-y quelques instants. Si vous êtes parents ou si vous avez dans votre entourage un enfant de moins de 10 ans, demandez-vous si quand le gamin pique une colère, cela résume sa personne ? Ou quand il vous déclare sa flemme en vous regardant droit dans les yeux, si cela fait de lui une personne qui ne râle jamais quand on lui refuse un jouet ou un bonbon ?
Mon fils est-il celui qui jette sa cuillère de frustration et claque la porte ou celui qui court en riant dans le jardin et me serre fort dans ses bras au moment où je l’attends le moins ? Les deux. Me focaliser sur la cuillère au sol ou sa course folle dans l’herbe n’est pas nous rendre service, à tous les deux.
Se coller les étiquettes de perfectionniste, de froussarde, de mal dans sa peau, de désorganisée ne l’est pas non plus. Quand vous vous présentez à quelqu’un et que vous lui dites « je ne suis pas quelqu’un qui joue » – affirmation qui peut vous sembler vrai et banal dans l’instant – vous mentez. Par omission certes. Néanmoins, ce petit mensonge entre amis, pour reprendre le nom d’un jeu de société, vous enferme et réduit votre champs de vision.
J’expliquais justement ceci ce matin à ma vidéaste. Car oui, j’ai une vidéaste ! Je suis actuellement en train de donner corps au programme d’accompagnement que je vais lancer en début d’année et pour m’aider, j’ai fait appel à des mains expertes, dont une ravissante jeune femme que j’ai invitée dans ma cuisine pour me filmer en train de dérouler mon script, un exercice que j’apprécie beaucoup au passage.
A plusieurs reprises, elle avait prononcé la phrase suivante : Je suis quelqu’un de maladroite / Je suis vraiment maladroite. Je me suis permise, puisque l’on venait d’aborder Le Modèle (je vous renvoie à l’épisode 2), de lui indiquer que cette affirmation ne l’aidait pas à créer une réalité différente pour elle. Pire : qu’elle était réductrice, limitante ! Chaque fois qu’elle met en avant sa maladresse, ma vidéaste prouve à son cerveau qu’elle n’est pas comme il faut.
Pour employer des termes savants, la jeune femme met en marche son biais de confirmation d’hypothèse (ou biais de confirmation) quand elle fait ceci. Le biais de confirmation est la tendance naturelle qu’ont les êtres humains à privilégier les informations qui confortent leurs préjugés, leurs idées reçues, leurs convictions, leurs hypothèses.
Par exemple, si vous pensez que l’être humain fonce droit dans le mur et qu’il est en train d’entraîner sa propre chute, vous trouverez des preuves qui appuient votre croyance dans les médias, des événements que vous relatent des proches, etc. comme la pollution, des épidémies à n’en plus finir, une invasion de moustiques et frelons asiatiques… C’est choses existent bel et bien. Tout autant que le Dalaï Lama et les chiens qui sauvent des enfants de la noyade.
La pensée humaine est tout sauf objective et est soumise à diverses distorsions cognitives. Par conséquent, nous commettons souvent et systématiquement des erreurs dans le traitement des informations. Pour faire court : nous croyons ce que nous voulons croire et notre cerveau se met à la recherche de preuves pour soutenir nos théories.
C’est ainsi que les personnes qui sont persuadées être mal chanceuses sont celles qui vont marcher dans une crotte de chien, se cogner contre une porte et se faire mordre par une souris, parfois dans la même matinée ! Croire que l’on est maladroit, c’est partir en quête de cette maladresse. Crier haut et fort que Noël n’a plus aucun sens et ne profite qu’aux industriels, c’est donner raison à ces derniers.
Est-ce vrai que les femmes se garent moins bien que les hommes, que les gauchers ont plus d’accidents que les droitiers, que les chats sont plus indépendants que les chiens, que marcher sous une échelle porte malheur ? La bonne réponse se trouve dans votre positionnement puisque « L’œil ne voit que ce que l’esprit est prêt à comprendre » pour reprendre les propos de Henri Bergsonn, Académicien et prix Nobel de littérature en 1927.
Où se trouve la vérité ? Qu’est-ce qui est réel ou non ? Si j’affirme que le pain fait grossir, est-ce que j’ai raison ou est-ce un mensonge ?
Je me rends compte des âneries que je peux déballer parfois quand mon fils de bientôt 3 ans nous assaille de POURQUOI.
La majorité de mes réponses sont des croyances que je lui transmets. Etant consciente de l’existence du biais de confirmation, je prends du recul et je tente d’être la plus factuelle possible : « Je préfère ne pas manger de fromage parce que ça me fait mal au ventre et je veux laisser le lait aux veaux et chevreaux. »
J’indique plutôt ma préférence ou je reprends des définitions du dictionnaire. Néanmois, quand il m’écrase avec un dixième pourquoi, je sens l’impatience monter et je suis plus encline à sortir sèchement « parce que les bonbons c’est mal ».
La prochaine fois que vous discutez avec un collègue, un parent, un enfant ou un ami, demandez-vous :
- Quels éléments ai-je rejetés ou ignorés sans même m’en rendre compte ?
- Comment ai-je réagi quand j’étais d’accord ? Et quand je n’étais pas d’accord ?
- Est-ce que cette discussion a confirmé des idées que j’avais déjà ? Pourquoi ? Et si je considérais l’hypothèse contraire ?
Comme toujours, prendre du recul par rapport à ses pensées, c’est se donner la liberté de faire des choix en conscience et ainsi coller au plus prêt de qui on a envie d’être dans le moment, et plus largement dans ce monde.
Bonne réflexion et à bientôt.