Si vous souhaitez poursuivre votre exploration et vous faire accompagner, je peux vous aider à transformer votre rapport à la nourriture afin de vous sentir enfin bien dans votre corps, votre tête et votre assiette.
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J’écoute l’épisode 79
Transcription de l’épisode
Cette semaine, je vous parle de mots. Et de comment les mots qu’on utilise, comme « sain », « normal », « mince » peuvent influencer la relation que l’on a avec soi, avec son corps et avec la nourriture. Ce n’est peut-être pas ce que vous croyez… !
Je vous encourage à me faire part de votre avis sur le sujet, j’adore connaître vos pensées, lire vos mots à vous.
Aujourd’hui, je souhaite vous parler de mots. Fervente lectrice depuis toujours, passionnée de mots et d’histoires, j’ai étudié la littérature et l’anglais à la fac il y a quelques années de ça maintenant. Parmi les cours qui m’ont le plus fascinée, je peux vous citer ceux au sujet de la construction de la langue, qu’elle soit française ou anglaise. Comprendre la formation des phrases, m’interroger sur l’origine des sons et la manière dont les différentes espèces animales communiquent m’a poussée à m’intéresser à la PNL : la programmation neurolinguistique. Associez les mots au fonctionnement de notre cerveau et je suis aux anges : c’est tout ce que j’aime !
Sans entrer dans les détails, la PNL – fondée par John Grinder et Richard Bandler dans les années 70, désigne un ensemble de techniques et de méthodes visant à favoriser le développement personnel de l’individu. Si je ne suis pas Maître Praticien PNL, j’ai tout de même participé à plusieurs ateliers et formations autour de la PNL et la certification de coaching que j’ai choisie utilise plusieurs outils tirés de cette approche.
Et parmi ces derniers, mon amour pour les lettres me porte naturellement à m’arrêter régulièrement sur les mots utilisés par les personnes que j’accompagne vers une relation apaisée à la nourriture, à leur corps et à elles-mêmes.
Ayant également suivi une formation de Communication Non Violente il y a quelques années dans laquelle les techniques d’écoute et de reformulations étaient au cœur, je prends de nombreuses notes pour m’assurer que je repropose les phrases prononcées quelques secondes auparavant. Tout ça pour vous dire que pour moi, les mots ont une place importante dans ma vie et dans mon travail.
Aussi, j’y pense très souvent et ces derniers temps, je me suis aperçue combien certains d’entre eux pouvaient interférer dans notre rapport aux aliments.
L’autre jour, mon fils m’a tendu une feuille sur laquelle était expliqué qu’un cross serait organisé à l’école dont l’objectif, je cite, était de « courir pour être en bonne santé ». Tel était le message que l’école voulait faire passer aux enfants et familles concernées. J’ai senti l’agacement monter très rapidement : j’avais en mémoire le cross de 1994 où je suis arrivée avant-dernière. Je me souviens encore de la souffrance physique, mentale et émotionnelle que ce moment avait été pour moi. En plus d’avoir subi les moqueries des camarades au sujet de mon poids et de mes capacités sportives, je me souviens en avoir bavé chaque fois que les profs d’EPS nous obligeaient à faire des tours de stade les années suivantes. On ne nous apprenait pas à aimer le sport. Il y avait les bons et les nuls. Clairement, je faisais partie de la seconde catégorie. Ce « courir pour être en bonne santé » m’a paru bien hypocrite : je crois que mon niveau de stress a augmenté avec les années de cross et d’endurance collectifs.
Mon fils a 4 ans. Pourquoi ne pas vouloir transmettre le simple plaisir de bouger son corps ? Pourquoi ne peut-on pas évoquer la joie de courir avec ses camarades ? Pourquoi faut-il déjà brandir la santé ?
Parce que les mots existent majoritairement en opposition aux autres. Du moins, nous, les êtres humains, nous apprécions les raccourcis et les tout-ou-rien/noir-ou-blanc. Un mot n’est ni plus ni moins qu’un outil développé par l’être humain pour se faire comprendre, pour décrire des choses qu’il voit, des sensations qu’il ressent.
Nous nous faisons une représentation mentale du monde extérieur et nous associons notre perception à une idée, une catégorie de faits, une image mentale, un symbole ou un modèle explicatif. Vient ensuite le mot. Le langage n’est que la traduction souvent imparfaite d’idées et de représentations mentales sous-jacentes qui le précèdent.
Peut-être que comme moi vous vous êtes déjà questionné∙e sur ce qu’on met derrière rouge, vert, noir, bleu : voyons-nous toutes et tous les couleurs de la même façon ? Si en observant les rétines de plusieurs individus au laser les chercheurs ont pu constater que la perception des couleurs était équivalente, la différence d’appréhension des couleurs se situe dans notre culture et les mots que l’on emploie.
Quand je vais dire à une personne que je suis triste, elle va se faire une idée de ce que je peux ressentir parce que pour elle, triste veut dire gorge qui se serre et larmes qui coulent. Pourtant, son triste à elle peut être très différent de mon triste à moi.
Les mots comptent. Notre interprétation des mots compte. Aussi, le terme « santé » ne va pas nécessairement évoquer la même chose en fonction des individus. Par ailleurs, ce mot sous-entend quelque chose : qu’il existe un état de santé et un état de non-santé. C’est l’opposition que je mentionnais plus haut. En PNL, on parle de présupposés/présupposition. Il s’agit de postulats, de sous-entendus, d’assomptions, d’hypothèses admises.
Quand j’évoque les bienfaits de la course à pied sur la santé, je peux ainsi – d’une manière tout à fait inconsciente – présupposer que ne pas courir peut entraîner la mauvaise santé. Car quel est l’inverse de « courir pour être en bonne santé ? », d’après vous ?
Vous allez peut-être vous dire que mon esprit est un peu tordu ou que je pousse le bouchon un peu trop loin Maurice, n’empêche que quand on entend un mot, c’est tout un univers qui peut l’accompagner, et l’accompagne bien souvent.
Si je vous dis plage, vous pensez à quoi ? Il est fort à parier que vous visualisez le sable, la mer, l’odeur de l’iode, le soleil sur votre peau, peut-être le mojito que vous sirotez devant un coucher de soleil ou encore la détente qui s’installe dans votre corps. Maintenant, pour rester dans le registre, imaginez que je vous parle de vacances. Les vacances existent en opposition à quoi ? Au travail. Les vacances sous-entendent donc qu’il y a un temps de travail.
De la même façon, la tristesse existe en opposition à la joie, la vie évoque la mort, et vice-versa, le repos est le recto ou le verso de l’agitation, le jour celui de la nuit. Vous voyez où je veux en venir ? Car bien sûr que je vais en venir à l’alimentation !
Quand un∙e client∙e me parle d’aliments « sains », je SAIS, je SAIS qu’il∙elle l’oppose aux aliments « pas sains ». On le sait tous∙toutes ! Si quelque chose est « bien », c’est qu’autre chose n’est « pas bien ». Si vous avez grandi dans la même culture que moi, vous êtes au fait que manger « sainement » sous-entend manger de la « malbouffe », que « normal » présuppose qu’il existe une normalité à atteindre et que « mince » s’oppose à « gros ». Aussi, quand on navigue ses journées et notamment ses repas avec ces objectifs-là, on se tire une balle dans le pied.
Et que ce soit clair, là je pointe du doigt les publicitaires, certains professionnels de santé, les politiques, etc. Pas les individus directement. Je crois que les influenceurs food ou bien les personnes comme vous et moi ne font que reproduire ce qu’ils voient affiché partout. Et c’est pourquoi on se retrouve avec des propositions de type « Recette de Porridge complet, sain et gourmand » ou bien « Manger sainement n’a jamais été aussi simple ». Parce qu’un plat ou un dessert ne peut plus être simplement BON. Non, ça ne suffit pas. Il faut désormais que ça coche toutes les cases : du jour, bio, local, artisanal, équilibré, sans gluten, sain.
Bien souvent, quand je mets le sujet de la santé sur la table, on me tombe dessus. Parce que ce que beaucoup entendent c’est quelque chose de l’ordre de « elle nous dit que la santé, c’est pas important ». Sauf que ce n’est pas du tout ce que je dis. Je dis que les informations en termes d’alimentation sont culpabilisantes et anxiogènes et que les diktats alimentaires peuvent creuser les sillons des troubles alimentaires et/ou d’une déconnexion de soi, de ses besoins et de ses envies totale. Et que ça, ça ne participe pas à une bonne santé qui, rappelons-le, est « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité » pour citer l’Organisation Mondiale de la Santé (car oui, j’aime aussi définir les termes pour que l’on sache toutes∙tous à quoi on fait référence dans la conversation, sinon on peut vite tourner en rond et se louper).
Je dis aussi que l’on ne doit la santé à personne, et qu’exiger d’un∙ inconnu∙e qu’il∙elle soit en bonne santé, c’est un discours idéologique qui porte un nom : le santéisme. Et comme ce n’est pas le sujet de cet épisode, je vous laisserai faire vos propres recherches à ce propos.
Pour continuer mon exposé, « sain » évoque en filigrane « malsain ». « Pauvre en calories » sous-entend que quelque chose est aussi « riche en calories », « normal » fait penser à un standard et quiconque s’en éloigne n’est « pas normal ». De la même façon, si je veux un corps « mince », c’est en opposition à « gros », et que dans mon esprit, gros n’est pas acceptable parce que nous vivons dans une société grossophobe qui rejette les personnes au-dessus d’un certain poids. Un régime alimentaire « anti-inflammatoire » va présupposer qu’une autre alimentation est « inflammatoire », et une journée « détox » sous-entend que le reste de la semaine, c’est la fête aux toxines. Je pourrais continuer ainsi pendant des heures.
J’attire également votre attention sur la « modération ». Pour qui fricote avec les régimes – minceur ou bien-être -, modération peut rapidement être corrélé à restriction. Aussi, il est facile de diaboliser les aliments « transformés », par opposition à ceux qui proviennent de la « nature », à qui on attribue désormais des vertus morales. Parce que oui, bien souvent, il est question de moralité. Moralité qui exclut toutes les personnes qui n’ont pas accès aux produits bruts, bio et chers.
Et puisqu’on parle de choix de mots, dans les années 70, 80 et 90, Atkins était décrit clairement comme un régime. Aujourd’hui, on parle davantage de « lifestyle », de mode de vie, quand on référence l’alimentation paléo ou cétogène, qui sont grosso modo la même chose. De la même façon, on nous rabâche les oreilles avec les bienfaits des bols « healthy »/ « clean » : et s’ils sont bourrés d’aliments chouettes (personnellement, ça me plaît à l’œil et au goût), les petites lignes cachées qui les accompagne sont souvent « et vous perdrez du poids », comme si c’était le seul et unique but de notre vie à toutes∙tous.
Aussi, plutôt que de chercher à manger sainement, qui est un concept mental et qui perpétue une façon de se nourrir davantage cérébrale que physique, je vous invite plutôt à vous tourner vers vos sensations : plutôt que de vous demander si ce plat est healthy, demandez-vous plutôt comment vous vous sentez en y pensant ? Salivez-vous ? Vous fait-il envie ? Et quand vous goûtez une bouchée, puis deux, puis trois, comment ça fait dans votre corps ? Votre repas terminé, vous sentez-vous nauséeux∙se, énergique, satisfait∙e, enthousiaste, rassasié∙e, lourd∙e ?
Si on oubli un instant que notre société nous explique tous les jours que l’on doit manger sain, bouger tant de minutes, avoir un corps de telle forme, avoir des émotions sous-contrôle, et j’en passe, on choisit quoi ? Pourquoi ? Cette raison nous convient-elle ?
Aujourd’hui, je vous encourage à examiner votre vocabulaire et à voir quelle expérience de la vie, de votre corps, de votre assiette il créé pour vous. Car oui… c’est vraiment ce qui importe à la fin de la journée. Ne prenez pas mes mots pour argent comptant, explorez par vous-même : comment vous sentez-vous quand vous utilisez les mots « sain », « normal », « mince », « sucré », « riche », « healthy », « smoothie » ?
Si vous souhaitez de l’aide pour transformer votre rapport à votre alimentation, votre corps et vous-même, je suis là : c’est mon dada et je serai heureuse de pouvoir vous guider sur ce chemin vers une liberté retrouvée. Réservez votre appel découverte en visio, sans engagement, dès maintenant.