N’y a-t-il pourtant pas un entre deux ? C’est ce que je vous propose d’explorer ensemble.
Bonne écoute !
Si vous souhaitez poursuivre votre exploration et vous faire accompagner, je peux vous aider à transformer votre rapport à la nourriture afin de vous sentir enfin bien dans votre corps, votre tête et votre assiette.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur : https://auvertaveclili.fr/coaching
J’écoute l’épisode 91
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Transcription
Bonjour ! Cet été, j’ai le plaisir de donner un coup de neuf à certains anciens épisodes, toujours d’actualité, comme celui-ci, au sujet du « tout ou rien ». Je crois qu’on est presque tous∙toutes concernées par cette tendance-là de notre cerveau. Et quand on souhaite apaiser sa relation avec la nourriture et son corps, il me paraît indispensable d’avoir cette notion-là bien en tête.
Par ailleurs, je reste disponible et active durant cette période estivale. Aussi, si vous souhaitez de plus amples informations sur l’accompagnement individuel que je propose pour libérer votre corps, votre tête et votre assiette, contactez-moi : auvertaveclili.fr/coaching
Je ne sais pas vous, mais je ne compte plus les fois où je me suis promis « allez, à partir de demain je ne me ronge plus les ongles ! » pour recommencer deux jours plus tard, en m’insultant intérieurement, m’estimant « faible, nulle, sans volonté ». Avant ça, j’ai fait la même chose avec le café, le contrôle de la nourriture, l’alcool, râler, scroller sur les réseaux sociaux, l’aspirateur – que j’ai tendance à trop passer -, le sport (version inversée : je commence plutôt que j’arrête)… et bien d’autres choses.
Et si j’ai pu retrouver l’équilibre dans tous ces domaines-là, ça n’a rien à voir avec la volonté, quelque chose de spécial qui se trouve en moi et que d’autres non pas, ou bien encore les circonstances extérieures.
Ce que je ne savais pas jusqu’à récemment, c’est que la volonté n’a rien à voir avec l’instauration d’un bien-être durable. Arrêter de se prendre la tête avant, pendant et après un repas est quelque chose que l’on fait intérieurement, comme une action que l’on prend. Cette action est entraînée par une émotion, elle-même nourrie par une pensée.
Si je mange sans prendre en compte mes signaux corporels, c’est que j’ai une pensée qui va dans ce sens, qui m’en donne l’ordre en quelque sorte, une pensée souvent inconsciente, qu’on sait à peine qu’elle est là tant elle a été répétée de fois et inscrite ainsi dans le cerveau comme réponse automatique. La volonté n’a que peu de place dans ce schéma.
Là où elle entre en jeu cependant, c’est quand on prend une décision, que l’on remonte ses manches et que l’on fonce, tête baissée, tel un bélier. Je vais entamer ce nouveau régime « alcalin », je vais fréquenter la salle de sport un jour sur deux, je vais m’acheter des vêtements plus petits pour me motiver à perdre 5 kilos, je vais arrêter de manger des desserts pour de bon, je vais cuisiner deux légumes à chaque repas…
On use de l’énergie pour accomplir ce que l’on veut pour soi avec force et résistance, et on a alors besoin de faire appel à toute la volonté que l’on a en réserve pour garder le cap.
Sauf que la volonté – et à ce sujet, je vous renvoie aux travaux de Roy Baumeister, expert sur le sujet – est similaire à un muscle : plus on s’en sert, plus on la développe… mais plus on la fatigue aussi ! C’est pourquoi, lorsque vous êtes dans un trip « cure de jus » que vous avez entamé par « obligation », les soirées sont plus propices aux changements de route, avec une fête au bac de crème glacée en fin de course.
Pour je ne sais quelle raison, de nombreux individus, dont je faisais partie jusqu’à récemment, sont persuadés que la perfection existe et qu’elle est un but à atteindre. C’est le fameux « ce sera mieux demain », quand je serais (cochez les cases) : mince, musclé∙e, marié∙e, avec une digestion au top, un super job et le compte en banque qui va avec, que j’aurais du style, des proches soutenants, le sourire dentifrice, la patience du Dalaï Lama et la compassion de Bouddha.
Nous créons une fantaisie dans laquelle notre futur∙e nous-même est un être idyllique, sans saute d’humeur, bourrelet ni cheveu blanc – que nous percevons comme des « défauts », soit dit en passant, parce que notre société nous explique qu’ils sont des défauts alors qu’en réalité, il s’agit simplement de caractéristiques humaines. Ahem.
C’est ainsi que nous avançons dans notre vie en nous comparant systématiquement à cette personne licorne qui incarne la beauté, la sagesse et la réussite, que nous serons peut-être un jour si nous nous surpassons, si nous nous en donnons les moyens, si nous travaillons assez, nous privons assez de ce que nous aimons, tant notre appétit pour les « bonnes » choses n’est qu’un frein à notre cheminement vers notre futur∙e parfaitement parfait∙e nous.
Et quand nos nerfs sont épuisés du rythme fou que l’on s’impose, nous « craquons », nous nous critiquons, nous nous jugeons… de ne pas être celle ou celui qu’on s’était promis de devenir.
Si nous aspirons tant à muer en une fée ou un prince charmant, c’est que nous nous persuadons que là-bas, c’est mieux qu’ici. Et dans notre société qui nous vend des rêves impossibles à obtenir, il est facile de se laisser prendre au piège du « c’est vraiment mieux de l’autre côté ».
Pour peu que vous soyez friand∙e de développement personnel – coucou !-, vous aurez vite fait de vous approprier des outils et exercices que vous retournerez ensuite contre vous.
Viser la lune, se promettre de faire mieux demain, définir des objectifs pour soi dans le but de « s’améliorer », c’est oublier que notre futur∙e nous est aussi un être humain, avec 50% d’émotions « positives » et « 50% d’émotions négatives », des traumatismes non résorbés, des poils au jambe et un corps soumis à la loi de la gravité.
La raison pour laquelle la majorité d’entre nous passons complètement à côté de notre présent, des expériences que nous sommes en train de vivre en ce moment-même, c’est parce que nous les comparons à une version photoshopée de la réalité, dans laquelle les vacances se déroulent toujours sans encombre et nos envies de burgers/frites ne se manifestent jamais.
Et la souffrance vient en partie de là : tant que nous hisserons au sommet ce portrait de nous-même fantasmé, nous brillerons toujours par notre inadéquation.
Nous sommes nombreux∙ses à estimer cette image nécessaire, à vouloir nous « donner des coups de pieds aux fesses », à s’autoriser une célébration seulement si nos objectifs – placés si hauts – sont atteints – et ils ne le sont jamais tant nos attentes sont élevées.
On croit, à tort, que si l’on se donne carte blanche pour tout, alors on se permettra de rester allongé∙e sous la couette toute la journée, la main gauche dans la boîte de chocolats, l’autre sur son smartphone à scroller, sans prendre la peine de se doucher, d’aller bosser, de s’occuper de ses enfants, à poils ou à plumes.
Tout ou rien : les deux pieds dans la privation, la punition et l’abnégation de soi, ou bien dans la paresse, la gloutonnerie, l’avarice (et les autres fameux péchés capitaux avec lesquels on nous a bourré le crâne subtilement).
N’y a-t-il pourtant pas un entre deux ? Un juste milieu ? Une vie dans laquelle il est possible de prendre du plaisir et de faire preuve de détermination pour aller au bout d’un projet ? Lorsque je regarde mon fils courir autour de moi (car mon fils court, il ne marche pas), je l’observe dévorer une glace avec gourmandise et se concentrer de longs moments sur la construction d’un château fort dans le bac à sable. Il joue à 3 jeux à la minute et réclame de lire un livre dans le canapé quand il est fatigué.
L’être humain est un être de contrastes. Sans froid, point de chaleur, sans tristesse, point de joie, sans pluie, point de soleil, sans larmes, point de rires.
Quand on cherche la pureté à tout prix, dans l’alimentation ou ailleurs, on oublie que l’on n’est pas censé∙es déambuler dans le monde un sourire béat sur les lèvres en permanence, une feuille de kale dans la bouche.
“Sans doute espérais-tu passer ta vie sans douleur ni chagrin”, ai-je lu il y a près de 20 ans de cela. Cette phrase de Patrick Besson m’avait frappée à l’époque. Car pour être entièrement honnête, oui, tout à fait, j’avais cette croyance ancrée en moi que “ce devrait être simple”. Et si “ce” n’était pas facile, c’est que j’avais loupé quelque chose, que je m’étais plantée, que j’étais sur le mauvais chemin.
Et si rien n’était supposé être facile, hormis ma recette de banana bread ?! Et encore, lorsqu’il veut bien lever, ce coquin ! Et si mes inconforts avaient une chose ou deux à m’apprendre, à commencer par l’acceptation de ce qui est ?
Pourquoi je vous raconte tout ceci ce matin et pourquoi c’est important quand on souhaite améliorer sa relation à la nourriture ? Parce que cet état d’esprit « tout ou rien » nous maintient d’une part dans une illusion qui nous freine et d’autre part, parce qu’il ne nous permet pas de prendre soin de nous sur le long terme.
Illusion car souvent, nous concevons un présent sans maux ni émotions « négatives ». Impossible quand on est un être humain.
Se remémorer toutes les nuances de gris entre le noir et le blanc nous permet de nous parler avec douceur et compassion, de nous nourrir en adéquation avec nos signaux de faim et de satiété, de respecter notre corps peu importante son allure.
Comment fait-on alors maintenant qu’on comprend que « tout ou rien » ne nous sert pas pour aller là où on souhaite, à savoir l’épanouissement, l’évolution, la croissance, le bien-être durable ?
Une petite astuce que je vous encourage à adopter si vous vous reconnaissez dans l’épisode d’aujourd’hui, c’est simplement de remplacer les mots « ou bien » et « mais » par « et ». « Je suis une personne fiable, droite dans ses bottes, et il m’arrive d’enfreindre la loi » ; « Je suis accro aux viennoiseries et j’aime le brocoli » ; « Je suis maladroit∙e et il m’arrive de ne rien renverser au cours d’un repas ».
Repoussez également la tentation souvent forte de vous promettre de « faire mieux demain ». Que pouvez-vous faire maintenant, tout de suite, même si vous avez fumé 5 cigarettes et bu 3 mojitos alors que vous vous étiez juré∙e de rester éloigné∙e des clopes et de l’alcool ? Comment pouvez-vous vous accueillir dans le moment ? Et si ces actions faisaient entièrement partie de l’expérience ? Que pouvez-vous apprendre de ce « détour » (terme plus cool que « faux pas ») ? Comment pouvez-vous faire autrement la prochaine fois ?
Je souhaite terminer sur une dernière question pour vous : et si le mot « parfait » n’avait de sens que celui que vous lui donnez ? Et si la nature était « parfaite » telle quelle est… et si, donc, vous étiez « parfait∙e » tel∙le que vous êtes en ce moment-même ? Si cette possibilité ne vous plaît qu’à moitié, jouez avec le concept inverse : et si RIEN n’était supposé être « parfait », justement ?
Si vous voulez poursuivre ce travail, n’hésitez pas à rejoindre mon programme d’accompagnement vers un rapport à la nourriture, au corps et à vous-même entièrement transformés.
Merci pour votre écoute. Bonne semaine et à bientôt !